La Croix-Rouge préoccupée : la réintroduction des mines antipersonnel constituerait un recul inquiétant pour le droit humanitaire

Plusieurs pays européens envisagent publiquement de reconsidérer leur soutien à l'interdiction internationale des mines antipersonnel. Rode Kruis-Vlaanderen exprime son inquiétude à ce sujet. "La réintroduction des mines antipersonnel représenterait une régression spectaculaire dans la protection des civils pendant les conflits. Cela affecte les fondements du droit humanitaire", déclare Floor Van den Eijnden, expert en droit humanitaire international à la Rode Kruis-Vlaanderen.
La Belgique, pionnière
La Belgique a joué un rôle de pionnier au niveau mondial dans la lutte contre les mines antipersonnel. En 1995, notre pays a été le tout premier à interdire les mines antipersonnel par voie législative. Deux ans plus tard, cela a débouché sur le traité international d'Ottawa, qui a aujourd'hui été signé par 165 pays. Ce traité interdit l'utilisation, la production, le stockage et le transfert des mines antipersonnel.
Une arme qui fait des victimes longtemps après la guerre
Les mines antipersonnel tuent principalement des civils, souvent des années après la fin d'un conflit. En 2023, 84 % des victimes de mines dans le monde étaient des civils, dont un nombre impressionnant d'enfants. "L'idée de déployer une arme de guerre qui continue à faire son œuvre meurtrière longtemps après le départ des soldats est incompatible avec le droit international humanitaire. Cela entraîne toujours des pertes civiles, on ne peut pas le contrôler suffisamment", déclare M. Van den Eijnden.
Signaux inquiétants
La Croix-Rouge relève des signes récents montrant que des pays tentent à nouveau de justifier la pertinence militaire des mines antipersonnel. Ce raisonnement ignore des décennies d'analyse scientifique et militaire. "Il existe aujourd'hui des technologies modernes beaucoup plus efficaces et moins nocives. Les mines terrestres sont une relique d'une autre époque - avec des effets dévastateurs sur les vies humaines", a déclaré M. Van den Eijnden.
Il ne s'agit pas seulement de tuer et de mutiler
Outre les pertes humaines qu'elles entraînent, ces mines entravent également la reconstruction des communautés. Les routes, les champs et les infrastructures restent inutilisables pendant des années en raison de la contamination par les explosifs. Des régions entières sont ainsi prises en otage et la reprise économique et sociale est retardée.
Traités sous pression : un dangereux précédent
À l'occasion de la Journée internationale d'attention aux mines, la Rode Kruis-Vlaanderen appelle au respect et au renforcement des conventions internationales. "Si les États revenaient maintenant à l'utilisation des mines antipersonnel, nous risquerions de créer un dangereux précédent dans lequel les principes humanitaires seraient remis en question", a déclaré M. Van den Eijnden.
Que sont les mines antipersonnel et pourquoi sont-elles interdites ?
Qu'est-ce qu'une mine antipersonnel ?
Les mines antipersonnel sont de petits explosifs cachés dans le sol qui se déclenchent dès que quelqu'un marche dessus ou les touche. Elles ne font pas de distinction entre les soldats et les civils et restent souvent actives pendant des années, même longtemps après la fin d'un conflit. Elles représentent donc un risque permanent pour les enfants, les agriculteurs et les civils ordinaires qui tentent de retourner dans leur région d'origine.
Pourquoi sont-ils interdits ?
Les mines antipersonnel provoquent des souffrances humaines prolongées, aveugles et disproportionnées. Elles tuent et mutilent souvent des civils innocents et rendent extrêmement difficiles la reconstruction et la vie en sécurité après les guerres. C'est pourquoi la Convention d'Ottawa interdit l'utilisation, la production, le stockage et le transfert de ces armes depuis 1997. Dans le monde entier, 165 pays se sont engagés à ne plus jamais utiliser ces armes.